LIEUX DE VIE
Comment aménager un jardin partagé convivial ?
Tiers lieu à ciel ouvert, le jardin partagé possède une dimension à la fois écologique et sociale. Il fédère différents types d’usagers, qui s’y réunissent dans un esprit collaboratif, portés par l’envie de partager la terre et ses fruits. Entre passion du jardinage et désir de produire ses propres ressources alimentaires, le jardin partagé est une collectivité particulièrement créative. On ne se contente pas d’y jardiner : on y vient pour se retrouver, se rencontrer, partager des moments de détente, avec des voisins, des collègues, des amis ou des camarades de classe. Pour faire du jardin partagé un espace convivial, on veille à l’équiper avec du matériel de jardinage moderne mais aussi du mobilier d’extérieur robuste et facile à manipuler : de la jardinière au compost en passant par les tables bancs et la cabane à outil, voici quelques idées pour aménager un jardin partagé réussi.
Les jardins partagés ne datent pas d’hier... Quand on évoque leurs origines, on pense bien sûr aux jardins ouvriers, qui ont fleuri notamment à la révolution industrielle. Mais bien avant ça, dès le Moyen Age, on évoque l’existence de cette pratique de profiter d’une terre « collective » ! En Europe, les jardins partagés reviennent en force depuis une quinzaine d'années, après une renaissance massive aux États-Unis dans les années 70 : New York subit alors une crise immobilière majeure. Des immeubles sont détruits et les terrains vagues se multiplient, dessinant dans la ville un décor triste, souvent insalubre. Une jeune artiste, Liz Christy, commence à jeter des sacs de graines dans ces terres laissées à l’abandon (elle parle de « seeds bombs », « bombes à graines » en anglais, un mot mêlant violence et espoir en un avenir meilleur). De ce geste naissent de nouveaux espaces végétalisés dans la ville. Ils se développent peu à peu sur les gravats abandonnés. Liz Christy appelle à défricher ces nouvelles terres : avec des amis, elle crée le premier jardin collectif à Manhattan et fonde l’association Green Guerilla, où les habitants du quartier peuvent se retrouver.
Le jardin partagé, tiers lieu à part entière
C’est là que se dessine un trait essentiel du jardin partagé : il ne désigne pas uniquement un terrain où l’on cultive de quoi nourrir la communauté au sens alimentaire du terme. Il représente un lieu de rencontre, d’échange, de partage, de consolidation des liens aussi. Souvent porté par une association, il est un nouvel espace de collectivité, où les membres peuvent retrouver des racines communes, des raisons de se rassembler autour de ce geste ancestral qu’est le jardinage et le travail de la terre.
En France, le jardin partagé, fortement inspiré du modèle américain, refait surface dans les années 90 : c’est en 1997 qu’est créé dans l’Hexagone le premier « jardin communautaire », dans le cadre d’un projet associatif, rappelle le site Jardins de France. Depuis plus de vingt ans, le jardin partagé rencontre ainsi un succès grandissant, porté par le désir d’un monde plus vert et authentique. En 2017, pour fêter les 20 ans du jardin partagé en France, Le Jardin dans tous ses états (réseau national des jardins partagés créé en 1997) avait invité à Lille les représentants de plus de 3000 jardins français. Le développement d'un jardin partagé nécessite de bien réfléchir à son organisation : comment équiper les jardins partagés aujourd’hui, pour permettre à ces tiers lieux à ciel ouvert d’exprimer tout leur potentiel en termes de rencontre et de lien social ?
On peut déjà commencer par s’inspirer de la charte des jardins partagés du "Jardin dans tous ses états". Ce texte explique que « L’aménagement doit intégrer le besoin des jardiniers de s’approprier leur jardin, les spécificités du territoire et le mode de vie des usagers ». Ces aménagements doivent ainsi respecter l’environnement. La charte souligne aussi à plusieurs reprises que le jardin partagé peut être au cœur de projets culturels, éducatifs, artistiques, intergénérationnels etc.
Aménager un jardin partagé, c’est réfléchir à toutes ces possibilités, en intégrant les besoins des différents usagers, ainsi que le cadre dans lequel le jardin est implanté. Est-il intégré dans un quartier ? Associé à une école, pour apprendre aux enfants à mieux connaître le vivant ? S’agit-il d’un jardin partagé associé à un EHPAD, qui permet aux personnes âgées de se ressourcer et de participer à des activités intergénérationnelles ?
Selon les cas, voici quelques équipements incontournables pour aménager ces tiers-lieux :
Des jardinières et des pots de toutes les formes
On peut choisir des jardinières rondes, rectangulaires, carrées, ou même en forme d’hexagone. Plus ou moins grandes, elles peuvent aussi être munies de roulettes ; cela permettra de les faire entrer facilement dans des espaces couverts le temps de l’hiver si nécessaire.
Abris techniques ou abris de jardin... place à la fameuse « cabane à outils »
On y range tout le matériel de jardinage, les sacs de graines, les pelles, les bêches, les tuteurs... L’abri technique est un élément massif, très visible dans le jardin : il est important de le choisir dans des matériaux et une forme se mariant bien avec le reste de l’espace. Abri de jardin en bois de sapin, en bois de pin traité donnent une touche esthétique rustique, qui compte dans l’harmonie de l’ensemble. Certains abris de jardin sont en polypropylène, un matériau particulièrement résistant et facile d’entretien.
Des composts pour créer son propre engrais
Le compost est un incontournable du jardin écologique d’aujourd’hui. Il plait beaucoup aux enfants (peut-être à cause des vers de terre qui les fascinent tant et qui y mènent tranquillement leur vie !) : le compost est un outil pédagogique évident vis-à-vis des plus jeunes, pour les aider à comprendre les cycles de la nature. Si le jardin partagé est associé à une école, on peut même traiter le compost dans des pavillons de compostage, suffisamment vastes pour recueillir les déchets organiques de repas de la cantine.
Des bancs et des tables blancs pour organiser de petits événements dans le jardin partagé
Dans un jardin partagé, on ne fait pas que jardiner : on discute, on échange... Pourquoi ne pas en profiter pour partager un goûter où une tarte concoctée à partir des fruits du jardin ? On peut alors s’installer sur des tables bancs, qui serviront aussi aux ateliers de jardinage que l’on peut proposer aux usagers pour leur expliquer comment planter, semer, rempoter... Tout cela s’apprend, et à tout âge qui plus est ! Des bancs d’extérieurs pourront quant à eux être utilisés pour installer un public tout simplement venu écouter une petite conférence en plein air.
Des grilles et panneaux d’affichage pour de petites expositions temporaires
Et pourquoi ne pas afficher une expo éphémère dans le jardin partagé ? Photos, peintures ou dessins apporteront au tiers-lieu un éclairage culturel sur un thème choisi. On peut par exemple parler de l’histoire du quartier. Le jardin partagé est souvent créé sur un terrain qui a déjà une histoire, de constructions en destruction... Cela peut être intéressant de retracer le chemin parcouru avant d’aboutir à « ici et maintenant ».