Aménagement de la classe numérique : Comment mettre en place l'enseignement hybride ?

Le numérique dans les établissements scolaires entraîne de nouveaux usages, de nouvelles situations et nouvelles postures. En effet, on ne s’installe pas avec une tablette de la même manière que devant son cahier : on peut l’utiliser en nomade, se poser sur un pouf ou un tapis pour travailler. On observe ainsi que le numérique s’intègre bien dans la classe flexible, notamment parce qu’il demande aux enfants de faire preuve d’autonomie. Les outils digitaux s’implantent facilement dans les différentes zones d’activités de la classe, de la zone d’interaction à la zone de calme, en passant par l’espace documentation.

A l’échelle de l’ensemble d’un établissement éducatif, le numérique investit là encore les différents espaces, par exemple :

• La classe primaire
• La classe secondaire
• La zone de passage et d’échange
• Le Studio
• Le CDI
• Le Coworking
• Le Fablab

Bien au-delà d’une simple acquisition d’outils, le numérique s’implante dans les différentes zones d’activités de la classe flexible. Il quitte le fond de la salle et le « coin informatique », où un ordinateur était jusqu’alors mis à disposition des élèves pour des recherches ponctuelles. Désormais, la zone de travail collaboratif propose des tablettes à utiliser en mode « nomade » sur des assises flexibles, mais aussi des écrans numériques accrochés aux murs. Tables et chaises à roulettes se rapprochent facilement pour former un ilot le temps d’un quizz interactif en équipe. Dans le coin lecture ou la zone de calme, on installe des coussins confortables ou les enfants peuvent se poser, liseuse en main et casque sur les oreilles, le temps d’une écoute musicale. Rappelons à ce sujet que le son est une source multimédia à forte valeur ajoutée. En termes de matériel, on recommande de mettre suffisamment de casques à la disposition des enfants et de s’équiper de haut-parleurs de bonne qualité.

Le numérique investit aussi la zone dite de « communication descendante ». Autrefois, on y trouvait l’estrade et le tableau noir, ou un écran de projection. Aujourd’hui, elle est résolument interactive. On l’équipe d’écrans numériques mais aussi de caméras pour filmer les leçons : ces outils permettront en effet à l’enseignant de faire cours à distance pour tout ou partie de ses élèves, quand il faut limiter le nombre d’enfants présents à l’école pour des raisons diverses, sanitaires ou autres. Le professeur pourra alors transmettre un cours en visioconférence ou enregistrer une leçon qu’il enverra plus tard à ses élèves.

Cette zone sera dégagée et bien délimitée, avec un marquage au sol et un PC portable qui servira d’écran de contrôle. Cela permettra à l’enseignant de vérifier qu’il ne sort pas du champ de la caméra et que les enfants qui travaillent à distance voient bien ce qu’il faut voir à l’écran.

A proximité, un espace pourra être dédié à la « technique » : on y concentre les appareils et les câbles de connexion. Côté matériel, on peut prévoir plusieurs caméras : une webcam pour filmer l’enseignant, voire le tableau ; un visualiseur pour zoomer sur un plan de travail où se trouve un objet à observer par exemple. Mieux : on peut travailler sur un écran numérique interactif connecté à l’ordinateur qui diffuse le contenu en streaming. Ainsi, en écrivant sur l’ENI, dans la classe, on écrit directement sur l’écran de l’élève, à la maison. Lisibilité assurée. On n’oublie pas le microphone, essentiel pour une bonne captation du son.

Tanguy Mallet
Chef de produits multimedia chez Manutan Collectivités

« L’importance grandissante de la captation vidéo pour assurer l’enseignement à distance a naturellement entrainé plusieurs changements dans l’aménagement de la salle de classe. Cela a également confirmé des changements déjà engagés avec l’émergence de la classe flexible. La suppression du bureau de l’enseignant par exemple, souvent envisagée en classe flexible, permet de dégager une zone plus vaste, où le professeur peut évoluer plus facilement devant la caméra. Un marquage au sol, grâce à des rubans adhésifs par exemple, lui permet de ne pas sortir du champ. Pour la zone d’affichage, le tableau blanc peut poser des problèmes de reflets et être difficilement lisible pour les enfants travaillant à distance  : pour limiter cet inconvénient, on pense à utiliser un éclairage indirect, ou de préférence un tableau numérique interactif »

En classe, quand un élève voit mal ce qui est écrit au tableau, on l’invite à changer de place pour s’en rapprocher. Mais en distanciel, c’est une toute autre histoire... Pour que les élèves puissent correctement lire le tableau, on peut utiliser un tableau blanc ou écran numérique interactif (TBI, ENI), que l’on connectera à l’ordinateur assurant la captation. Le tableau interactif fait alors partie des « fenêtres » sur lesquelles on peut basculer lors d’un partage d’écran, via la solution de visioconférence utilisée. Il existe des solutions disponibles en ligne. On peut aussi passer par des boitiers sans fil, que l’on connecte directement au TBI ou à l’ENI. Ces dispositifs permettent d’échanger des contenus. Ils favorisent l’interactivité en classe en facilitant la « prise de parole » numérique. Par ailleurs, on peut aussi utiliser les outils collaboratifs existant en termes de partage de contenu en temps réel, comme Google Doc, via Google Drive, ou Microsoft Word 360 par exemple.Pour permettre à l’enseignant de retrouver l’ensemble de ses élèves, on peut prévoir face à lui un grand écran numérique, sur lequel les collégiens apparaîtront en mosaïque.. Cet écran sera lui-même équipé d’une webcam pour filmer le professeur qui s’adresse à la classe. C’est aussi un moyen de restaurer un semblant de normalité, avec une atmosphère de groupe, les élèves et l’enseignant se retrouvant en face à face. Le bureau du professeur sera équipé d’un visualiseur permettant la captation du plan de travail. Et derrière lui, un écran numérique interactif sera raccordé à l’ensemble du dispositif pour un partage d’écran avec les élèves.

Pour permettre à l’enseignant de retrouver l’ensemble de ses élèves, on peut prévoir face à lui un grand écran numérique, sur lequel les collégiens apparaîtront en mosaïque.. Cet écran sera lui-même équipé d’une webcam pour filmer le professeur qui s’adresse à la classe. C’est aussi un moyen de restaurer un semblant de normalité, avec une atmosphère de groupe, les élèves et l’enseignant se retrouvant en face à face. Le bureau du professeur sera équipé d’un visualiseur permettant la captation du plan de travail. Et derrière lui, un écran numérique interactif sera raccordé à l’ensemble du dispositif pour un partage d’écran avec les élèves.

Les formations en ligne ont aujourd’hui le vent en poupe. Les jeunes sont habitués à consulter des tutos sur Internet, et à réviser leurs examens sur les chaines Youtube créées par des professeurs ou des organismes institutionnels. Au collège ou au lycée, les enseignants peuvent eux aussi enregistrer leçons et modules de formation pour les diffuser plus tard. La captation de ces contenus peut se faire au sein même de la classe, ou dans un studio, espace de production audiovisuelle à part entière.

Le numérique dans les établissements scolaires est également présents via des systèmes d’affichage dynamique : sur les murs, des écrans interactifs connectés au système d’information de l’établissement affichent ainsi les salles disponibles selon les emplois du temps, ainsi que les professeurs absents. D’autres écrans diffusent le journal télévisé de l’école, du collège ou du lycée, tourné en direct quelques mètres plus loin... Voilà de quoi ouvrir bien des sujets de discussions et de débats.

Ici, on peut se désaltérer aux fontaines, se poser sur une des galettes multicolores en attendant le début d’un cours... ou s’installer devant une table haute pour quelques révisions de dernière minute avant un contrôle ou un examen.

Un espace conçu avec des parois vitrées apportera une ouverture sur d’autres zones d’activité, comme le Coworking et le Fablab : cela permet de connecter les différentes zones entre elles, en soulignant la cohérence de l’ensemble des lieux. L’espace est ainsi ouvert et lumineux, tout en demeurant bien isolé au niveau sonore.

Toujours dans cette zone de passage, particulièrement accessible, on propose une zone d’emprunt de matériel numérique, avec des racks de rangements et des zones de recharge.

Nicolas Moinet
Architecte d’intérieur chez Manutan Collectivités

« Le numérique s’inscrit dans le projet global d’aménagement. Il fait désormais partie des éléments à intégrer dans la conception des espaces, au même titre que la gestion de la lumière et du bruit ou que la répartition des prises électriques. Il faut ainsi prévoir les différents scénarii : par exemple, il faut d’abord connaitre la nature d’un mur avant de poser un écran interactif, car c’est un dispositif très lourd. Proposer des aménagements intégrant le numérique de manière transversale, dans les différents espaces, c’est un nouveau défi : il s’agit d’imaginer de nouvelles solutions, qui n’existent pas encore dans l’esprit des utilisateurs. C’est pour cela qu’il est très important de proposer des devis illustrés par des images 3D. On se substitue à l’imagination, en quelque sorte ».

Dans cette zone « Rechercher », un bureau est réservé au professeur documentaliste. Il s’y installe pour procéder tranquillement aux tâches administratives. Il dispose ainsi d’un espace personnel. Vitré, son bureau lui offre une vue sur l’ensemble du CDI, tout en restant accessible aux élèves qui pourraient avoir besoin de ses conseils.

Le professeur documentaliste au cœur du CDI numérique

Le CDI est l’espace de travail du professeur documentaliste. Pour lui permettre d’y évoluer de manière fluide et efficace, on veille à différents aspects :
• Prévoir différents « points de chute » pour le professeur documentaliste dans le CDI, pour faciliter les interactions avec les élèves selon leurs besoins et leurs demandes
• Mettre à la disposition du professeur documentaliste un bureau mobile pour qu’il puisse s’installer où il le souhaite au sein de l’espace
• Penser à l’ergonomie et proposer différentes assises pour varier les postures
• Réserver au professeur documentaliste un espace de travail, pour le traitement des dossiers administratifs et d’archivage. Cet espace reste ouvert sur l’ensemble du CDI, grâce à des parois vitrées par exemple

Marie-Amélie Gobert
Chef de produit Eveil et Enseignement chez Manutan Collectivités

« L’intégration du numérique éducatif correspond aujourd’hui à de nouveaux usages. Il vient modifier les habitudes des élèves et des enseignants. Nous les écoutons et les observons, pour comprendre leur manière de travailler et d’évoluer dans l’espace. Par exemple, pour utiliser une tablette, les élèves n’ont pas besoin d’être assis devant un bureau. Ils peuvent se poser n’importe où. Cela soulève plusieurs questions : les outils numériques apportent de l’autonomie à l’élève mais comment gérer cette autonomie physiquement ? Comment proposer des postures ergonomiques ? Une réflexion sur l’aménagement des espaces est incontournable pour répondre à ces problématiques. Les solutions n’existent pas encore, c’est à nous de les imaginer, d’innover. Nous cherchons ainsi à proposer des solutions d’aménagement complet, toujours dans le cadre d’une réflexion et de propositions collectives. »

Pack : système coulissant

Dans le Fablab, place aux « Makers » et à tous ceux qui aiment créer de leurs propres mains de nouveaux objets, de nouvelles solutions : pour les accompagner dans leur activité, on leur aménage un espace sur mesure, avec des plans de travail suffisamment vastes et bien stables.

Des bornes de recharge permettent de brancher imprimantes 3D et ordinateurs dédiés à la modélisation. Les projets des uns et des autres peuvent être partagés sur un tableau numérique interactif. Ici aussi, on prévoit des assises de classe flexible pour adopter des postures différentes : tabourets studio autour de tables hautes, assis debout, poufs pour se détendre... Un ilot mobile pourra servir de rangement et de plan de travail supplémentaire.

Bertrand Chavanel
Responsable Education et Numérique chez Manutan Collectivités

« Nous considérons le numérique comme une composante de l’aménagement. Sa particularité est qu’il implique souvent une remise en cause des fondamentaux de la transmission pédagogique. Dans ce contexte, nous réfléchissons aux moyens d’intégrer le numérique dans de nouvelles pratiques. Le numérique en classe implique l’utilisation de nouveaux outils, mais aussi et surtout des aménagements et une organisation spécifique des espaces pour l’intégrer de manière fluide à la pratique de l’enseignant.
Évidemment, depuis 2020, le numérique est aussi ce qui permet de passer de manière fluide du présentiel à l’enseignement à distance, pour assurer la continuité pédagogique. L’important est de bien garder en tête que les aménagements doivent toujours soutenir une logique humaine, liée aux pratiques des enseignants, au-delà de la logique uniquement technologique.

Attention aussi aux contraintes techniques, et aux possibles difficultés de transmissions d’information qui peuvent conduire à ‘’perdre un élève en route’’ : la pratique de l’outil numérique doit être un vecteur commun à l’ensemble des enfants d’une classe, emmenant tout le monde sur le chemin des apprentissages, comme une cordée en montagne. Ce point doit notamment être pris en compte dans le mode d’enseignement « hybride », quand une partie des élèves est présente et que l’autre partie travaille à distance. Par exemple, si l’on partage un document, mieux vaut le faire au format numérique pour tout le monde, pour ceux qui sont présents en classe comme pour ceux qui travaillent depuis la maison ».

Vous souhaitez aménager vos espaces éducatifs pour la rentrée ?

Face au contexte d’actualité, les écoles font preuve d’une grande faculté d’adaptation. Afin d’accompagner les établissements scolaires face à ces rebondissements. Manutan Collectivités réfléchit à tous les aménagements possibles pour vous adapter en toutes circonstances possibles pour la rentrée scolaire 2021.