Tiers lieu numérique et éducatif : comment aménager un makerspace ou un fab lab ?

On se demande souvent quelle est la différence entre un fab lab et un makerspace. Pour certains experts, la réponse est simple : ces deux tiers lieux sont très proches mais le terme fab lab est en quelque sorte une marque déposée. Pour prétendre à la dénomination de fab lab, cet espace doit respecter la charte des Fab Lab du MIT : c’est en effet dans le célèbre Massachussetts Institute of Technology qu’est né le concept de fab lab, en 2005, lors d’un cours intitulé « How to Make (Almost) Anything », soit « Comment fabriquer (presque) tout ».

Selon cette charte, un « fab lab » fait partie d’un réseau mondial de laboratoires locaux, « destinés à doper l’inventivité en donnant accès à des outils de fabrication numérique (...) ». Ses usagers peuvent bénéficier d’une « assistance opérationnelle, technique, éducative et logistique ». Ils doivent veiller à « ne blesser personne et à ne pas endommager le matériel », aider à « nettoyer et améliorer le lab ».

Quoi qu’il en soit, l’une des caractéristiques du fab lab comme du makerspace est de s’adresser à toute personne intéressée par la fabrication d’objets, quels que soient son âge, son genre, sa profession etc. Par conséquent, comme nous le rappelle la Cité des Sciences et de l’Industrie de La Villette, le tiers lieu fab lab peut réunir des entrepreneurs et des « startuppers », des étudiants, des bricoleurs, des artistes... bref, toute personne intéressée par la fabrication d’un prototype grâce aux différents outils proposés dans le tiers lieu. Ses différents usagers vont se retrouver autour d’un même centre d’intérêt : la « fabrication » d’objets, qu’il s’agisse d’objets décoratifs, de jouets, de prothèses ou encore de pièces détachées. Les fab labs comme les makerspaces s’inscrivent d’ailleurs dans cette dynamique sociétale qui s’oppose à la fameuse « obsolescence programmée » : au sein d’un fab lab, on peut fabriquer les petites pièces de remplacement qui permettent à un objet de durer plus longtemps. Une vis, un bouchon, une chaussure de poupée ou encore un couvercle de machine à café pourront être recréés grâce à l’impression 3D par exemple. Le Fab Lab est le lieu idéal pour cela, grâce aux imprimantes 3D mises à disposition des usagers. Ceux-ci pourront en plus partager leurs astuces et leurs fichiers d’impression, ce qui entre aussi dans le cadre de la charte du MIT : celle-ci stipule que les membres du fab lab doivent « contribuer à la documentation et à la connaissance des autres usagers ». Au fil des échanges, des liens se créent et se renforcent. Toute une communauté se met en place et la collectivité retrouve son dynamisme.

Un fab lab peut exister de manière autonome. On connaît par exemple la chaine internationale des Repair Café, où les bricoleurs passionnés viennent réparer différents types d’objets (et où ceux qui n’ont rien à réparer peuvent prendre un thé ou un café !). Un fab lab peut être intégré dans un autre tiers lieu ou une collectivité. Une université par exemple peut installer une annexe avec un fab lab, tiers lieu éducatif ouvert non seulement aux étudiants mais aussi à un public passionné de fabrication. Des établissements culturels et scientifiques comme la Cité des Sciences et de l’Industrie à Paris ont eux aussi choisi de lancer leur propre fab lab. Une petite commune ou un quartier dans une grande ville peuvent le faire également, pour dynamiser la vie locale.

Quel que soit son lieu d’implantation, le fab lab doit permettre aux usagers de circuler avec fluidité entre les différentes zones qui le composent : espace dédié aux machines à commande numérique, zone de rangement des outils traditionnels et de stockage des matériaux (bois, métaux, tissus, fil, bobines de filaments pour les imprimantes 3D...), espace de partage des connaissances, de travail collaboratif et d’organisation d’atelier, espace relax pour se poser, échanger et discuter, zone de documentation...

Pour aménager ces multiples espaces, on privilégiera un mobilier de tiers lieu flexible, facile à installer et à déplacer en fonction des besoins.

Les chambres individuelles peuvent aussi être équipées de fauteuils confortables, pour que les résidents puissent se détendre et ne pas rester en permanence dans leur lit. Ce fauteuil permet aussi d’accueillir ponctuellement un proche venu pour une visite, par exemple.

Le mobilier flexible permet de créer des zones multi-usages au sein du fab lab.

Par exemple, l’espace regroupant les postes informatiques, où les usagers peuvent concevoir leurs prototypes grâce à des logiciels spécifiques, peut aussi être utilisée pour des ateliers. Pour ce faire, on choisit d’installer des tables à roulettes, qui pourront être assemblées en U, mais aussi en ilots en cas de workshops regroupant plusieurs participants.

Des tables et tabourets hauts renforceront l’ambiance « atelier » ou studio.

Mais on peut aussi préférer de grandes tables de bureau de hauteur classique... ou des tables à hauteur réglable.

Cet espace peut aussi faire office de salle de réunion pour les animateurs du fab lab ou pour des usagers souhaitant réfléchir ensemble à la fabrication d’un nouveau produit. On peut d’ailleurs veiller à installer des murs d’écriture pour favoriser les brainstormings.

Des ordinateurs pourront être posés sur des tables regroupées elles aussi en ilots, ou alignées face aux murs de la salle, pour un travail individuel demandant un maximum de concentration.

La zone dédiée au parc des machines est essentielle. C’est là que les objets conçus par les usagers commencent à prendre forme, grâce aux imprimantes 3D, aux machines à découpe-laser et autres brodeuses numériques.

Ces appareils coûtent cher. Ils peuvent aussi être fragiles, voire dangereux : une imprimante 3D monte fortement en température par exemple. Pour réguler l’accès aux machines, on peut décider de les placer dans une salle fermée et sous la surveillance d’un membre du Fab Lab compétent.

On veillera aussi à installer des tableaux d’affichage et une signalétique claire, précisant les conditions d’accès aux différents appareils.

Quoi qu’il en soit, les machines devront être posées sur des surfaces stables, avec autour d’elles un espace de circulation suffisant pour que chaque utilisateur puisse effectuer les manipulations nécessaires sur sa machine, sans gêner son voisin.

Dans la zone de fabrication, les têtes des usagers sont penchées sur les établis, les mains manipulent des objets tout juste façonnés par les machines-outils.

Pour permettre aux membres du fab lab de profiter pleinement de cette zone, on met à leur disposition plusieurs types de plans de travail. Certains préfèrent travailler debout, d’autres assis. Les uns souhaiteront s’installer à des tables en ilot pour pouvoir échanger avec d’autres « makers ». Les autres préfèreront se concentrer sur leur tâche en solo.

On choisira donc du mobilier répondant à ces différentes attentes.

Par exemple, en assemblant deux longs établis rectangulaires, on obtient un large plan de travail au plateau en bois de hêtre épais et au piètement métallique robuste, où les participants pourront étaler leur matériel sans se gêner les uns les autres.

Les usagers prendront place autour de cet ilot de travail sur des chaises techniques à roulettes qui leur donneront une certaine liberté de mouvement. Dans un esprit ludique, on peut aussi choisir ces chaises techniques de toutes les couleurs, cela ajoute une belle touche de déco !

Pour un maximum de flexibilité et un gain de place dans le fab lab, certaines surfaces de travail intègrent leur propre espace de rangement : des établis mobiles, sur roulettes, avec portes et tiroirs, peuvent ainsi être déplacés dans l’atelier et permettre le stockage de tout le matériel nécessaire à l’activité en cours. Équipés de roues avec frein, ils offrent la stabilité nécessaire aux différentes pratiques des usagers.

Pourquoi ne pas mettre en place une zone pour favoriser les échanges et les discussions dans le fab lab ? On peut installer un espace détente et rencontres, avec des banquettes, des canapés et des chauffeuses d’accueil autour de tables basses où l’on posera une tasse de café ou une boisson fraiche. Pour rester dans un esprit « studio », on peut préférer de grands tabourets autour de tables rondes. Et dans tous les cas, on profite de cet espace pour exposer sur des meubles à étagères les objets réalisés au sein du tiers lieu.

Le social hub du fab lab (lien vers la LP Hub social + ne pas oublier l’ID) devient ainsi zone d’exposition. On pourra aussi y organiser un événement thématique visant à faire connaître ce tiers lieux aux usagers et aux citoyens... pour créer toujours davantage de lien.